09.05.1918

Début des convois retour

 
 

« Nombreux étaient ceux qui pleuraient de joie de voir leur salut enfin arriver. »

 
 

Dans son journal, Karl Kasser ne mentionne pas directement la Révolution d’octobre 1917 menée par Lénine et les Bolcheviques. Pourtant, ce bouleversement est loin d’être sans conséquences pour les prisonniers de guerre. Lénine avait promis de mettre sans plus attendre fin à la guerre, ce qui conduisit au traité de Brest-Litovsk, signé en mars 1918 par la Russie et les empires centraux. Le retour immédiat des prisonniers de guerre est inscrit dans ce traité. Karl Kasser espère rapidement pouvoir rentrer dans son pays. Il aimerait bien faire le voyage avec une connaissance du village voisin, ce qui va le conduire vers de nouvelles péripéties. Ce n’est qu’en octobre 1920 qu’il reviendra chez lui, dans la toute jeune « République d’Autriche », un Etat amputé qui n’existait même pas quand ce fils de paysan est parti à la guerre en 1914.

C’était fin avril, ordre avait été donné de désigner huit hommes par baraque, parmi les blessés graves et les plus âgés. Je n’en faisais pas partie. Quelques jours ont passé. Un train sanitaire est arrivé et les hommes retenus ont été embarqués. Nombreux étaient ceux qui pleuraient de joie de voir leur salut enfin arriver. Ils partirent le 5 mai. Après quelques jours, il était déjà question d’un deuxième train en partance. J’étais curieux de savoir qui serait du voyage. Le commandant m’a dit que ce serait bientôt mon tour. Je lui ai tout de suite demandé si mon ami Anmasser partirait aussi. Il m’a dit que non, que ce n’était pas possible, qu’il y avait trop d’hommes. Mais qu’il ferait partie du troisième convoi. J’ai donc décidé de l’attendre. Ce n’est pas ces quelques jours qui changeront grand-chose. C’est quand même mieux quand on connaît quelqu’un. On ne sait jamais, s’il vous arrive quelque chose, l’autre peut toujours s’occuper de vous.