février 1916
Mort dans la neige
La tête raide et engourdie par le froid, le supplice des dégagements de fumée, le grondement assourdissant des canons ; la neige piétinée, maculée de sang, les hommes contraints de communiquer par signes (…) la progression se faisait en colonnes si denses que j’étais moi-même en danger à chaque instant, bien que je ne prisse pas part au combat. (…)
Tout au long du chemin, l’armée turque me fixait du regard : des têtes, couvertes de leur fez, gelées, qui dépassaient de la neige. Une effroyable galerie de la mort. Chameaux, bœufs et chevaux gisaient, raidis, au bord du chemin – à leurs côtés, de nombreux Russes, que notre commission des opérations funéraires avait oubliés là et qui étaient désormais trop enserrés dans la glace pour pouvoir être emportés.