mars 1918

Hôpital militaire à Moscou

 
 
La statue détruite du tsar Alexandre III à Moscou
La statue détruite du tsar Alexandre III à Moscou
 
 

Tout d’abord, Marina Yurlova ne remarque pas vraiment les conséquences de la révolution d’octobre 1917 et de la victoire des Bolchéviques. Elle a été conduite dans un hôpital moscovite, seul endroit où les médecins peuvent traiter sa névrose de guerre. Trois fois par semaine, ils soumettent Marina à un traitement faradique, en clair à des chocs électriques ; au même moment, la Russie sort de la guerre en signant le traité de Brest-Litovsk. La promesse d’obtenir la paix était l’une des principales raisons de la victoire des Bolchéviques sous la houlette de Lénine et Trotski.

Le Moscou de 1918 appartient à l’histoire mondiale, mais pour moi, ce n’est qu’une brume opaque. (…) Je sais seulement que ma tête oscillait plus que jamais. Avant que les électrochocs ne fassent effet, je parvenais à peine à me traîner à travers le service. (…) Les personnes qui partageaient ma chambre auraient très bien pu se débrouiller à l’extérieur. D’ailleurs, elles passaient la majeure partie de leurs journées en ville. Beaucoup portaient des pansements sales, qui n’étaient jamais changés. Mais elles ne s’en formalisaient pas. (…) Le soir venu, le service se remplissait. Une odeur de tabac âcre envahissait l’air, et les bruyantes discussions politiques s’engageaient.