06.08.1914
Coupée du monde
Chère Emmie, quand tu liras ces lignes, les Allemands occuperont peut-être déjà Paris et Saint-Pétersbourg, et il ne restera plus un seul navire intact. Nous avons eu tellement d’affreuses nouvelles cette semaine que je ne crois pas que quoi que ce soit puisse encore me surprendre. J’espère que ma dernière lettre est passée. Les frontières ont été fermées, si bien qu’à l’exception de l’Autriche-Hongrie, nous sommes coupés du reste du monde. La vie quotidienne est très compliquée pour tous les étrangers. On ne peut plus encaisser de chèque ni recevoir de mandat postal (...)
Mardi, je me suis rendue chez le consul britannique. (…) Je lui ai proposé d’héberger chez moi trois personnes de son choix – je ne peux pas les nourrir en pension complète, mais elles pourraient dormir chez moi et y prendre leur petit déjeuner. Il a choisi trois danseuses du « Trocadéro » ! Toutes les scènes de théâtre et de variété sont fermées. Les jeunes femmes étaient venues d’Angleterre pour un spectacle, et se retrouvent désespérément échouées ici. Quelques heures plus tard, la guerre a été déclarée [par l’Angleterre], et le consul a dû quitter le pays.