Après la famine de l’hiver 1916/17 et le déclenchement de la révolution de février en Russie, les protestations contre la guerre et les conditions de vie déplorables se multiplient dans la population civile allemande. Dans de nombreuses villes, les Allemands organisent des manifestations et des grèves.

Les ouvriers des usines de munition se sont mis en grève cette semaine – ils réclament la paix, une meilleure rémunération, et davantage de pain. Mais il a suffi de simples mouvements de troupe pour que les ouvriers reprennent le travail. A Berlin et Magdebourg, les ouvriers ont été placés sous l’autorité directe des militaires, et menacés d’exécution. (...)
Si tu voyais les gens ici, tu en aurais le cœur déchiré – ils n’ont pas pu se chauffer cet hiver, le plus froid depuis cent ans. Nous sommes désormais mi-avril, et toujours pas le moindre signe d’une feuille ou d’un bourgeon – les moissons seront retardées de deux mois, et la récolte s’annonce très mauvaise. Il n’y a presque rien à manger, on nous avait promis cette semaine cinq livres de pommes de terre, bientôt ramenées à quatre livres, dont pratiquement personne n’a vu la couleur en fin de compte. Quelques personnes ont pu récupérer trois livres, mais la plupart des gens n’a rien eu du tout. (...)
N’importe quel autre peuple se soulèverait (...) mais ici, les gens tiennent bon. Tout miséreux et désespérés qu’ils sont, je ne crois pas un seul instant qu’ils suivent l’exemple de la Russie.