Quelques mois ont passé et Vincenzo D’Aquila se trouve toujours à l’hôpital psychiatrique de Sienne. Les médecins l’examinent une fois de plus et testent son état mental. Si, par le passé, il a voulu passer pour un prophète, il a aujourd’hui retrouvé une certaine sérénité. Il n’empêche qu’on le prend toujours pour un fou.

Comme les médecins semblaient satisfaits de mes progrès, je leur ai demandé quel était leur diagnostic. A la question de savoir pourquoi ils me gardaient ici, mon médecin, un certain professeur Grassi, répondit : « Je vais vous dire pourquoi vous êtes ici. Nous qui sommes là-dehors, nous vivons dans un monde de fous. Tous sont devenus fous et nous ne gardons ici que les personnes sensées, dans le but de les protéger. Ne vous inquiétez pas ! Ici la pluie n’entre pas, vous avez un lit propre, de quoi manger et vous habiller, tandis que des millions d’autres là-dehors ne peuvent pas en dire autant – sans même parler des balles et des grenades. »