10.11.1918
Combat de rue
A la fenêtre du château, d’où l’Empereur s’adressait habituellement à la foule, Liebknecht a parlé. (...) Au monument de Bismarck, plusieurs hommes ont pris la parole, et une femme aussi, qui a bien parlé. Etait-ce la Stöcker ? Au beau milieu d’un discours, on a d’abord entendu claquer quelques coups de feu isolés, puis toute une pétarade. Les milliers de personnes se dispersent, puis se rassemblent à nouveau, et les tirs reprennent. Trois fois de suite. La dernière fois, ce fut une véritable canonnade.
Les tirs provenaient des grands immeubles à gauche du Reichstag et au coin de la Dorotheenstrasse. J’étais avec Stan [une amie]. A chaque fois, nous sommes parties en courant, puis nous sommes revenues. Ensuite, nous sommes rentrées à la maison, par des chemins détournés parce que certains passages étaient fermés à cause des risques de nouveaux tirs.
Il paraît que toute la nuit de samedi à dimanche, les tirs ont retenti sur l’avenue Unter den Linden, dans la Friedrichstrasse et devant le Marstall. Des officiers restés fidèles aux troupes royales y avaient dissimulé des mitrailleuses et recruté des jeunes gardes. Ils ont ensuite pris la fuite par des galeries souterraines lorsque les soldats ont fouillé les immeubles.
Dimanche soir. (...)
J’essaie d’atteindre le Cirque Busch, où se réunissent les délégués des conseils d’ouvriers et de soldats. Je ne parviens que jusqu’à la Porte de Schönhauser. Des soldats à cheval repoussent la foule dans les immeubles : fermez vos portes – des tirs retentissent. Prise de peur, je ne vais pas plus loin.