Les usines réclament toujours plus de matières premières pour armer les militaires. Les besoins sont énormes et ne peuvent être couverts par les moyens traditionnels. Dès le début de la guerre, on fait donc appel à la générosité de la population. Les enfants y sont particulièrement réceptifs.

Une collecte vient d’être annoncée à l’école. Une fois encore, il s’agit du cuivre, mais l’étain, le plomb, le zinc, le laiton et la ferraille sont aussi bienvenus. On en fera des canons de fusil, des canons, des étuis à cartouches, etc… La compétition bat son plein entre les classes. C’est à qui trouvera le plus de métal, et notre classe, la 4e, a déjà réuni le plus gros butin. C’est ainsi que ma petite armée de soldats de plomb dut être sacrifiée. Je déposais ces malheureux, toujours deux par deux, dans une énorme cuillère en tôle et les tenais sur la flamme d’un brûleur à gaz. En fondant, les héros en beaux uniformes bleus mourraient pour la patrie. Le plomb devenait argenté, lourd, liquide… J’en aurais pleuré.