Les atrocités bien réelles perpétrées par les Allemands pendant leur marche sur la Belgique et la France sont le terreau sur lequel prospèrent les rumeurs les plus folles sur les crimes de l’adversaire ; nombreux sont ceux qui leur prêtent foi et la machine de propagande des alliés s’en sert bien volontiers. En Grande-Bretagne en particulier, il est important de fournir à la population de bonnes raisons pour justifier la participation de leur pays à la guerre sur le continent. En 1915, en effet, le service militaire obligatoire n’existe pas encore en Grande-Bretagne.

Un jeune Canadien a trouvé un camarade mort cloué sur une porte. Quand a-t-il bien pu mourir ? Un médecin belge a raconté à Mrs. Wynne avoir trouvé dans le sac à dos d’un officier allemand un grand nombre de mains d’enfants – quel beau souvenir, vraiment ! J’écris ce genre de choses parce qu’il faut qu’on les connaisse et si un jour je rentre au pays, pour tenir des conférences devant les ouvriers de l’armement, je leur parlerai de ces atrocités inhumaines ! (…) Heureusement, il est inutile d’exercer des représailles. Les Zouaves, les Turcos et les Français s’en chargent. Puisse le ciel venir en aide à l’Allemagne si ceux-là atteignent un jour le Rhin.