26.03.1918
Peur de la défaite
Des rumeurs sauvages circulent à Amiens, on dit que l’ennemi avance de la ville d’Albert pour encercler Amiens. On m’envoie en éclaireur pour repérer la position de l’ennemi. (…) Je trouve un bon poste d’observation derrière un arbre, à un mile à l’ouest d’Albert. (…) De petits groupes d’hommes venant d’être remplacés ou de recevoir l’ordre de repli quittent lentement la ville d’Albert, tout en évitant la route. Ils se retrouvent néanmoins sous le feu de l’ennemi, un projectile tue trois d’entre eux, mais la plupart ratent leur cible. Un soldat australien, marchant en plein milieu de la route d’Albert, arrive jusqu’à moi, me montre le goulot d’une bouteille de champagne dans sa poche (sûrement pillée à Albert) et me demande un tire-bouchon. Je lui dis d’aller au diable.
(…) La soirée à Amiens est marquée par de nouvelles rumeurs concernant une rapide avancée des Allemands. Le maire lance une proclamation annonçant que l’ennemi se trouve aux portes de la ville et invitant les habitants à fuir. La majorité d’entre eux obtempèrent et, à la tombée de la nuit, les rues sont quasiment désertes.